jeudi 3 mars 2016

Que vont-ils encore inventer? Que vont-ils encore découvrir?


Winston CHURCHILL
 


« Tout le monde savait que c'était impossible à faire.
Puis un jour quelqu'un est arrivé qui ne le savait pas, et il l'a fait. »

La terre n’a jamais porté autant de chercheurs qu’aujourd’hui. Qu’a-t-on inventé, qu’a-t-on découvert ce jeudi ? Forcément, quelqu’un parmi tous les génies en quête de nouveauté a dû mettre la pensée sur quelque chose d’inconnu, non ? Ne peut-on affirmer que la prospection scientifique se déploie de plus en plus tous azimuts ? Je n’en suis pas sûr.

Levons d’emblée tout malentendu par un petit rappel de distinction : la découverte présuppose un objet déjà là, que personne jusqu’alors n’avait remarqué. L’invention implique une création, une construction, une fabrication, un assemblage jusqu’alors jamais réalisé.
Le saxophone porte le nom de son inventeur belge, Adolphe Sax. Cet instrument de musique n’existait pas avant le mélomane.
La première exoplanète découverte par les astrophysiciens genevois Michel Mayor et Didier Queloz tournait autour de son soleil depuis longtemps avant d’être repérée.
Reste un problème : le trou noir n’a jamais été observé. Son existence a été supposée à partir d’équations mathématiques, d’une construction de l’esprit. Découverte ? Invention ?
Certaines découvertes ou inventions sont prévisibles : l’avion ; d’autres non : l’ADN. Certaines innovations sont le fruit du hasard : l’anesthésie vient du gaz hilarant inhalé par un blessé dans une foire.
Reformulons notre question centrale : les êtres humains sont-ils libres de chercher n’importe quoi, n’importe où ? Cette interrogation renvoie aux retombées de la découverte ou de l’invention.
Si nous nous envisageons à la fois les thèmes de la découverte et de l’invention, on peut dire qu’il en existe de trois sortes : les supportables (la découverte de la pomme de terre ; l’invention du paratonnerre), les insupportables (la découverte de l’inconscient ; l’invention de la kalachnikov) et celles dont on ne peut mesurer tout de suite les conséquences vertigineuses (la découverte des sauvages d’Amérique ; l’invention de la fusée spatiale ou du robot).
L’important ici, c’est que la découverte ou l’invention implique un champ d’application, dont la prévisibilité est variable. Beaucoup de recherches sont abandonnées, voire tout simplement inenvisageables, car les retombées pratiques sont soit peu prometteuses (les études sur certaines maladies rares ne garantissent qu’un faible profit qui ne couvrira pas les coûts de la recherche ; l’exploration spatiale trop onéreuse ampute les budgets écologistes), soit effrayantes (certains projets visant le génome humain). Dans ce dernier cas, les expériences se heurtent à des interdits éthiques ou légaux, à l’image scandaleuse qu’elles répandent via les médias. De plus en plus d’essais en laboratoire sur des animaux suscitent la colère de la population.
Il en résulte que la recherche scientifique ne peut plus se permettre de heurter la sensibilité de certaines croyances. Elle peut de moins en moins prospecter tous azimuts. Elle ne peut ramifier que là où le retour sur investissement semble heureux dans un avenir proche et là où la pression médiatique n’est que faiblement hostile.
Notre perspective d’innovation n’est-elle pas loin, en 2016, des audaces et des témérités scientifiques de la fin du 19ème siècle ?…
 

 

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