lundi 7 mars 2016

Voter pour Trump ? pour Clinton ? ou mieux, pour un robot ?




Dans un de mes romans, j’envisage que les robots seront les mieux habilités pour prendre objectivement des décisions politiques bénéfiques pour toutes les composantes de la société. Eh bien, voilà, IBM semble s’y préparer sérieusement…


Une intelligence artificielle peut-elle devenir présidente des Etats-Unis ?

Le Monde.fr Par Morgane Tual
 
Il ressemble à tous les autres sites des candidats à la présidentielle américaine. Un drapeau étoilé flotte au vent, le design est soigné, agrémenté de vidéos, le propos est clair, argumenté, direct. A la différence près que ce candidat-là n’est pas humain : il s’agit de Watson, le programme d’intelligence artificielle phare d’IBM, l’un des plus avancés au monde.

« Nous pensons que les capacités uniques de Watson pour analyser l’information, et prendre des décisions éclairées et transparentes, en font un candidat idéal pour le poste à responsabilités que représente celui de président », peut-on lire sur le site de la campagne Watson 2016. Sur un ton on ne peut plus sérieux, le site déroule son argumentaire :
« Plus Watson intègre d’informations, plus ses capacités de prise de décision sont efficaces. Il est capable d’analyser des informations venant de n’importe quelle source, il peut donc prendre en compte différentes perspectives et opinions sur tous les sujets. […] C’est une tâche que doivent effectuer quotidiennement les politiques, y compris le président, et qui pourrait être effectuée de façon plus appropriée et efficace par une intelligence artificielle. »
Selon ce site, Watson pourrait analyser, en prenant en compte de nombreux paramètres, les qualités et défauts de chaque décision, en évaluant « son impact sur l’économie, l’environnement, l’éducation, la santé, la diplomatie et les libertés publiques ».
D’où vient ce site ? S’agit-il d’une campagne de communication d’IBM ? L’entreprise a répondu au Monde qu’elle n’avait rien à voir avec ce projet, et refuse de le commenter. Peut-être vient-il alors de l’Electronic Frontier Foundation, une importante association de défense des libertés numériques, à laquelle le site propose de faire des dons ? Non plus.
Cette initiative vient en réalité de l’artiste et designer Aaron Siegel, professeur de design à l’université de Californie du Sud, qui se présente comme le « directeur de campagne » de Watson 2016. Comme il l’explique au Monde, ce projet est issu « de la frustration et de la désillusion vis-à-vis du processus de l’élection présidentielle américaine ». Il fustige la façon dont les candidats s’en tiennent à la vision de leur parti « au lieu d’aborder les problèmes de façon objective », le coût démesuré des campagnes qui, selon lui, oblige les candidats à se soumettre aux puissances de l’argent, et évoque un « besoin de transparence en politique ».
« Je me suis demandé quelle personne pouvait être le politicien le plus objectif, efficace et non partisan, et je me suis rendu compte que cette personne était un ordinateur. » Dans son rôle de directeur de campagne, il assure que Watson représente une solution viable :
« Nous pensons qu’une intelligence artificielle telle que Watson peut apporter les capacités de prise de décision objectives dont nous avons besoin chez un dirigeant, ainsi que la transparence nécessaire pour analyser comment ces décisions ont été prises et pourquoi. Le système n’est lié à aucun parti, ses décisions sont donc fondées uniquement sur l’information dont il dispose, et non sur des idéologies. »
Est-il vraiment sérieux ? « Au vu des problèmes listés sur le site de la campagne, je suis assez sérieux », assure-t-il, tout en précisant que « le but de cette campagne est de présenter une alternative à la façon dont le gouvernement fonctionne, pour faire en sorte que les gens réagissent à cette idée. »
Voilà donc l’objectif réel de Watson 2016 : interroger le système politique actuel, mais aussi la place de l’intelligence artificielle dans notre monde. « J’espère que cela poussera les gens à discuter du potentiel de l’intelligence artificielle dans la politique. »
Aujourd’hui, le programme d’IBM est déjà utilisé à des fins médicales, puisque, en analysant les données d’un patient, elle est capable d’aider les médecins à établir un diagnostic. Sur le site d’IBM, l’entreprise vante aussi l’utilité de Watson dans le secteur public :
« Il est parfois difficile pour les organismes du secteur public de répondre aux questions qui leur sont posées, et ce, du fait de la difficulté à s’y retrouver dans l’immense masse de données qu’ils possèdent. Les capacités analytiques de Watson peuvent permettre d’apporter une réponse immédiate à des questions touchant une large gamme de sujets : “Quelles sont les règles de plan d’occupation des sols pour construire un porche ?” ; “Cette taxe s’applique-t-elle à moi ?” ; “Quelle est la meilleure façon d’obtenir un visa ?” »
Quand bien même Watson serait un jour capable de prendre des décisions politiques, s’agirait-il réellement de décisions objectives ? La façon dont est codé un programme serait-elle vraiment exempte de tout biais politique ?
« C’est exactement le type de questions que j’espérais que cela soulève, répond Aaron Siegel. Un des principaux problèmes que les gens ont soulevés concernant Watson est qu’il est développé par IBM. Ne pas savoir exactement comment il fonctionne les met mal à l’aise. Cela pourrait être réglé en rendant Watson open source », c’est-à-dire en rendant son code source accessible à tous, et donc transparent.

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