Boston Dynamics nous avait déjà fait frissonner avec son robot quadrupède au bourdonnement étrange. Mardi 23 février, l’entreprise, qui appartient à Alphabet, la maison mère de Google, a dévoilé, dans une vidéo impressionnante, la nouvelle version de son humanoïde, nommé Atlas. « Conçu pour opérer à l’extérieur et dans des bâtiments », explique Boston Dynamics sur YouTube, le robot ouvre des portes, soulève des paquets, marche dans la neige et réussit à éviter les chutes quand il perd son équilibre ou qu’on le pousse.
Mais s’il arrive qu’il tombe, Atlas, dans cette vidéo, ne se casse pas et se relève. Il est aussi capable de s’adapter à une situation : quand il souhaite soulever un paquet, et que celui-ci est déplacé par un humain, le robot poursuit sa mission et finit par y parvenir.Si cette série de tâches semble d’une grande banalité pour un humain, elles sont en réalité d’une grande difficulté pour les robots humanoïdes : marcher, garder l’équilibre, s’adapter à des situations nouvelles, et être capable de se relever représente d’importants défis pour la robotique, sur lesquels de nombreux chercheurs travaillent depuis des années.
« Très impressionnant »
« C’est très impressionnant, estime Christine Chevallereau, directrice de recherche en robotique au CNRS, en découvrant la nouvelle vidéo d’Atlas. Il y a un vrai progrès sur la robustesse : il réussit à effectuer des tâches relativement complexes en se débrouillant. Même quand c’est difficile, ça se passe bien. Cela montre qu’il y a des avancées importantes dans la robotique humanoïde. »Elle entrevoit toutefois quelques limites :
« Il marche relativement vite, mais cette marche fait du bruit et n’est pas très douce, je n’en voudrais pas à la maison ! Surtout, je suis persuadée que la consommation en énergie de cette marche est assez élevée, il a sans doute une mauvaise autonomie. »« Sans doute », car Boston Dynamics ne donne quasiment aucun détail technique sur son robot. Tout juste sait-on qu’il mesure 1,75 m et pèse 82 kg, des dimensions un peu moindres que son prédécesseur (1,90 m et 156 kg). L’entreprise nous apprend aussi qu’Atlas fonctionne avec des moteurs hydrauliques.
Empathie
On ne sait rien non plus des conditions dans lesquelles ont été filmées ces expériences. « On nous montre un film, ça ne marche peut-être pas tout le temps, souligne Christine Chevallereau. Mais, même si cela ne marche pas tout le temps, on voit qu’il est possible que cela fonctionne, et c’est déjà bien. »D’autant plus que, même si « l’endroit où il se balade est un petit peu vide », il évolue « dans un environnement à peu près normal, qui ne ressemble pas à des conditions de laboratoire », souligne la chercheuse.
Si cette vidéo est instructive sur les progrès de la robotique, elle l’est aussi, dans une certaine mesure… sur nous-mêmes. Atlas a beau ne pas avoir de visage, la façon dont il est traité par l’humain, qui le pousse brutalement à plusieurs reprises, semble générer une certaine empathie. « Pauvre robot ! », peut-on lire ici et là sur les réseaux sociaux. Eprouverait-on autant de pitié pour un grille-pain ou une machine à laver ?
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