À la poursuite de demain (Tomorrowland,, réalisé par Brad
Bird. Sorti en 2015.
Ce film nous intéresse ici, car
il porte deux visions opposées de l’avenir.
Pitch : Liés par un sort commun, Casey - une adolescente optimiste, douée d'une grande curiosité scientifique et Frank, un homme pessimiste, fataliste, qui fut autrefois un jeune inventeur de génie avant de perdre ses illusions, s'embarquent pour l’avenir… périlleuse mission !
A
la poursuite de demain est un film labellisé Walt Disney.
D’où certaines contraintes initiales, comme sa visée d’un large public (très
large, même), ainsi que l’attestent les principaux personnages :
Venue du futur, une
petite fille de 10 ans, Athéna (nom de la déesse de l’intelligence), qui n’a
pas peur de conduire sans se soucier des limitations de vitesse ; elle est
en quête de rêveurs capables de sauver le monde.
Casey, une ado surdouée
qui, face à la noirceur intégrale distribuée par ses profs et les infos,
rejette le fatalisme, refuse de renoncer à ses rêves, s’obstine à améliorer le
monde. Ainsi, elle sabote les grues démolissant les fusées de Cap Canaveral,
pour que son père ingénieur à la NASA échappe au chômage ; dans le feu de
l’action, elle découvre un badge qui la téléporte vers les beaux lendemains.
Un vieux beau papy,
Frank Walker (Clooney), un ancien génie résigné à subir la fin toute proche de
la planète ; exilé de l’avenir, il va mettre du temps avant de reconnaître
le potentiel de la teenager qui vient faire appel à lui, pour qu’il l’aide à
changer le cours de l’Histoire.
On observe aussi dans
le récit deux visions irréconciliables de l’avenir : l’une, optimiste
(celle des papys), dont la source est 1965 et qui transfigure, à travers une
expo universelle, les promesses d’un avenir enviable, radieux, insolent de
merveilles ; l’autre pessimiste, contemporaine (celles des jeunes), qui
n’annonce que cataclysmes, émeutes, attentats, famines et guerres. C’est de ce
deuxième avenir dont veut se débarrasser l’héroïne teenager.
Ce film ne peut
s’empêcher de délivrer trois messages, dont deux quasiment sous la forme de
commandements : 1) à ton optimisme
jamais tu ne renonceras (ce qui rappelle : « ne cèdes jamais sur
ton désir », recommandation d’un célèbre psy français) ; 2) dans ta vie, toujours tu rêveras (car
c’est dans le rêve que germent les solutions). Le troisième message paraît
particulièrement pertinent et adapté aux tendances actuelles : le tournage
en boucle, la ronde immuable des images d’apocalypse et de post-apocalypse, ça
suffit ! Arrêtons d’avertir l’humanité que sa chute est proche et
inéluctable. En effet, soutient le film, malgré ces abondantes et récurrentes
prédictions de malheurs, les hommes et les femmes ne changent rien à leurs
habitudes… Hurler à la destruction du monde ne sert finalement à rien.
Au-delà des messages,
que dire de l’esthétique de ce spectacle ? La ville de demain s’impose
dans toute sa splendeur, impressionnante, paradisiaque. On aimerait y trouver
un pied à terre. A noter que le style de l’image se permet un détour du côté du
steampunk : chez papy Clooney, dans la vieille demeure, la sortie de
secours est une baignoire mobile. C’est la partie cocasse de l’histoire.
Ce qui m’a dérangé,
c’est que le film cède à l’impératif scénaristique anglo-saxon : combattre
un méchant tu devras ! Je sais que Satan signifie étymologiquement
l’Adversaire, que notre culture est pour une bonne part manichéenne, que la vie
est souvent un combat, mais, bon sang, il existe tout de même des tranches de
vie qui ne se confrontent pas à des incarnations du Diable. Dans « A la
poursuite de demain », celles-ci sont représentées par de vilains robots
programmés pour défendre l’ordre pessimiste qu’assure la vision sombre de ce
qui nous attend.
En conclusion, une ado
gonflée à bloc par une volonté indéfectible peut venir à bout non seulement du
fatalisme ambiant, mais encore et surtout de la catastrophe planétaire
annoncée. L’avenir appartient aux rêveurs qui nourrissent l’utopie suggérée par
les sciences de demain.
Film donc à voir et à
méditer.
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