Question d’Alain sur le futur extrême : quel est le
sens de l’Humanité dans des milliards d’années ?
« Dans des milliards d'années le
soleil aura rejoint la Terre et cette dernière disparaîtra.
Même si c'est dans dans très très longtemps, est-ce que nos
arrières-arrières petits enfants auront trouvé une solution à ce problème?
Ce n'est pas sûr ... et alors quelle est notre finalité ? Le vide de
l'Univers à très long terme, selon les prédictions des spécialistes ? »
Bien des écrivains SF se sont
penchés sur cette question du sens ultime : Wells, par exemple, dans La machine à explorer le temps, imagine
son voyageur arrivant sur la Terre, alors que le soleil est devenu une géante
rouge : la planète est devenue déserte, habitée par quelques créatures
monstrueuses. Plus la moindre la moindre trace d’un être humain. Pas de quoi se
réjouir, donc.
Ces questions renvoient d’abord à
la puissance de l’optimisme ou du pessimisme profond en chacun de nous. Et
elles malmènent sérieusement toute posture optimiste, surtout dès lors qu’on
attribue à l’univers les mêmes propriétés que celles d’un mortel.
Déjà faut-il préciser d’où
viennent les réponses : d’un sujet athée, se représentant l’univers sans
Dieu, ou d’un sujet croyant en une (ou des) force(s) supérieure(s) ? Dans
ce dernier cas, ces questions apparaissent comme très peu pertinentes, puisque
la vie éternelle est assurée.
Adoptons donc plutôt un point de
vue scientifique qui se passe de l’idée d’un Créateur de l’univers.
Un présupposé est d’abord à
examiner : si l’humanité existe encore dans des milliards d’années,
engendrera-t-elle encore des enfants ? L’Homme aura peut-être alors
cueilli depuis bien longtemps le fruit de l’Arbre de vie, l’immortalité (Bible,
Genèse, 3, 22) ?
Question associée :
éduquerons-nous nos enfants de telle sorte qu’ils soient encore curieux, avide
de connaissances, et que la plupart d’entre eux adhéreront encore au principe
de réalité, si bien qu’ils soient capables de perpétuer le progrès ? La
pédagogie de l’effort dominera-t-elle celle de l’hédonisme et du laxisme ?
Au XVIème siècle, Rabelais avait déjà évoqué cette question dans l’éducation de
Gargantua… À la limite, les parents en proie à un narcissisme chronique
voudront-ils exclusivement être aimés par leur progéniture, si bien qu’ils
soient incapables de dire non à leur fils ou leur fille ? Dans cet état
familial, il y a peu de chances pour que notre descendance se donne les moyens
de contrer la mort proche ou lointaine de la civilisation.
Autre présupposé : n’existe-t-il
qu’un seul Univers ? Qu’y a-t-il au-delà de l’univers ? D’autres
univers ? Un Plurivers ? Si
c’est le cas, des échappatoires sont envisageables.
Dernier détail : les
particules qui nous constituent matériellement ont-elles une durée de vie
limitée ? Autrement dit, même si je deviens biologiquement immortel, ne
suis-je pas condamné à disparaître par la physique de l’infiniment petit ?
La parole est aux savants qui travaillent au CERN…
Bon, entrons de plein pied dans
le problème : le soleil devenu une géante rouge implosera avec tout le
système solaire, la Terre disparaîtra dans environ cinq milliards d’année (à
supposer que la folie de certains ne l’anéantisse auparavant). D’ici là, notre
civilisation pourra avoir conçu des vaisseaux permettant l’exode massive vers
une autre étoile, plus accueillante.
Hélas, (je simplifie) notre
galaxie à son tour peut être détruite par un trou noir, ou par la collision
avec une autre galaxie. Il faudra donc trouver la parade qui autorise la fuite
collective vers d’autres galaxies plus calmes.
Reste notre bon univers. Va-t-il s’éteindre, se fossiliser ?
Se désintégrer ? Va-t-il à nouveau se condenser, nous refaire un Big-bang ?
Ces perspectives sont des plus inquiétantes, assombrissent d’absurde notre
civilisation. Shakespeare, Flaubert, Goethe, Dante destinés à la poussière,
voire au néant… Tout comme les génies de la musique, de la peinture ou du cinéma... Mais peut-être, comme je l’ai déjà dit, notre univers n’est pas
si seul. On a le temps, plusieurs milliards d’années pour imaginer le remède
qui nous ouvrirait les portes d’un univers voisin, plus jeune.
Oui, c’est vertigineux, hein… ?
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire