mercredi 17 février 2016

Un lecteur: l'Humanité échappera-t-elle à sa fin?



Question d’Alain sur le futur extrême : quel est le sens de l’Humanité dans des milliards d’années ?

« Dans des milliards d'années le soleil aura rejoint la Terre et cette dernière disparaîtra.
Même si c'est dans dans très très longtemps, est-ce que nos arrières-arrières petits enfants auront trouvé une solution à ce problème?
Ce n'est pas sûr ... et alors quelle est notre finalité ? Le vide de l'Univers à très long terme, selon les prédictions des spécialistes ? »

Bien des écrivains SF se sont penchés sur cette question du sens ultime : Wells, par exemple, dans La machine à explorer le temps, imagine son voyageur arrivant sur la Terre, alors que le soleil est devenu une géante rouge : la planète est devenue déserte, habitée par quelques créatures monstrueuses. Plus la moindre la moindre trace d’un être humain. Pas de quoi se réjouir, donc.

Ces questions renvoient d’abord à la puissance de l’optimisme ou du pessimisme profond en chacun de nous. Et elles malmènent sérieusement toute posture optimiste, surtout dès lors qu’on attribue à l’univers les mêmes propriétés que celles d’un mortel.

Déjà faut-il préciser d’où viennent les réponses : d’un sujet athée, se représentant l’univers sans Dieu, ou d’un sujet croyant en une (ou des) force(s) supérieure(s) ? Dans ce dernier cas, ces questions apparaissent comme très peu pertinentes, puisque la vie éternelle est assurée.

Adoptons donc plutôt un point de vue scientifique qui se passe de l’idée d’un Créateur de l’univers.

Un présupposé est d’abord à examiner : si l’humanité existe encore dans des milliards d’années, engendrera-t-elle encore des enfants ? L’Homme aura peut-être alors cueilli depuis bien longtemps le fruit de l’Arbre de vie, l’immortalité (Bible, Genèse, 3, 22) ?

Question associée : éduquerons-nous nos enfants de telle sorte qu’ils soient encore curieux, avide de connaissances, et que la plupart d’entre eux adhéreront encore au principe de réalité, si bien qu’ils soient capables de perpétuer le progrès ? La pédagogie de l’effort dominera-t-elle celle de l’hédonisme et du laxisme ? Au XVIème siècle, Rabelais avait déjà évoqué cette question dans l’éducation de Gargantua… À la limite, les parents en proie à un narcissisme chronique voudront-ils exclusivement être aimés par leur progéniture, si bien qu’ils soient incapables de dire non à leur fils ou leur fille ? Dans cet état familial, il y a peu de chances pour que notre descendance se donne les moyens de contrer la mort proche ou lointaine de la civilisation.

Autre présupposé : n’existe-t-il qu’un seul Univers ? Qu’y a-t-il au-delà de l’univers ? D’autres univers ? Un Plurivers ? Si c’est le cas, des échappatoires sont envisageables.

Dernier détail : les particules qui nous constituent matériellement ont-elles une durée de vie limitée ? Autrement dit, même si je deviens biologiquement immortel, ne suis-je pas condamné à disparaître par la physique de l’infiniment petit ? La parole est aux savants qui travaillent au CERN…

Bon, entrons de plein pied dans le problème : le soleil devenu une géante rouge implosera avec tout le système solaire, la Terre disparaîtra dans environ cinq milliards d’année (à supposer que la folie de certains ne l’anéantisse auparavant). D’ici là, notre civilisation pourra avoir conçu des vaisseaux permettant l’exode massive vers une autre étoile, plus accueillante.

Hélas, (je simplifie) notre galaxie à son tour peut être détruite par un trou noir, ou par la collision avec une autre galaxie. Il faudra donc trouver la parade qui autorise la fuite collective vers d’autres galaxies plus calmes.

Reste notre bon univers. Va-t-il s’éteindre, se fossiliser ? Se désintégrer ? Va-t-il à nouveau se condenser, nous refaire un Big-bang ? Ces perspectives sont des plus inquiétantes, assombrissent d’absurde notre civilisation. Shakespeare, Flaubert, Goethe, Dante destinés à la poussière, voire au néant… Tout comme les génies de la musique, de la peinture ou du cinéma... Mais peut-être, comme je l’ai déjà dit, notre univers n’est pas si seul. On a le temps, plusieurs milliards d’années pour imaginer le remède qui nous ouvrirait les portes d’un univers voisin, plus jeune.
Oui, c’est vertigineux, hein… ?

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