vendredi 19 février 2016

Quand on verra la chimie de sa conscience

Un jour, l'imagerie moléculaire nous permettra de voir en direct, pour de vrai, nos états de conscience à l'échelle des synapses. Ci-dessous, un article qui donne une image de synthèse, non réelle encore d'un moment de bonheur:

A-t-on jamais vu marcher la molécule du bonheur ?

Le Monde.fr | • Mis à jour le | Par
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image: http://s2.lemde.fr/image/2016/02/18/534x0/4867784_6_f4e5_une-molecule-de-kinesine-transportant-le_9222a22188e9cd1ac8ef02ac96af1cf4.jpg
Une molécule de kinésine transportant, le long d'un microtubule, une vésicule synaptique, à l'intérieur d'un neurone.

Avez-vous déjà vu… le bonheur qui marche ? Un(e) de vos ami(e) s a peut-être partagé sur les réseaux sociaux cette image surprenante d’une molécule « piétonne » transportant sur son « dos », nous dit-on, une boule d’endorphine, ce composé chimique sécrété lors d’une activité physique intense, qui provoque des sentiments de bien-être, de relaxation ou bien d’excitation.

L’image est en fait une animation 3D réalisée par l’artiste John Liebler pour Art of the Cell, une entreprise spécialisée en animation médicale et scientifique. Crée en 2006 pour le court métrage The inner life of a cell (« la vie à l’intérieur d’une cellule ») et republiée en mai 2014, elle est massivement partagée quelques mois plus tard, en septembre 2014. Cette animation est réapparue depuis quelques jours sur Facebook, atteignant plusieurs milliers de partages en moins de quarante-huit heures, accompagnée parfois d’un message : « vous voyez, littéralement, le bonheur ».
Contrairement à ce qu’affirme, par exemple, le post Facebook ci-dessus, il ne s’agit pas tout à fait d’une molécule de myosine mais d’une molécule de kinésine. Cette protéine est essentielle au fonctionnement de nos neurones, et donc de notre cerveau : c’est une des protéines responsables du transport des neurotransmetteurs depuis leur lieu de synthèse, dans le corps cellulaire, jusqu’aux synapses, situées aux extrémités des axones (les « bras » des neurones).

Une molécule motrice indispensable

Pour transmettre une information entre deux neurones, l’influx nerveux, qui est un signal électrique, ne suffit pas. En effet, les neurones ne se touchent jamais et le signal électrique est incapable de franchir la distance qui le sépare d’un autre neurone (environ 50 microns). Entrent alors en jeu les synapses, les terminaisons des axones des neurones.
Pour transmettre l’information, l’influx nerveux va être transformé en signal chimique : à son arrivée, les synapses vont libérer des neurotransmetteurs dans l’espace intersynaptique afin que ceux-ci « voyagent » jusqu’aux récepteurs de la synapse d’en face. Ces récepteurs, capables de reconnaître les différents neurotransmetteurs existants, permettront à l’information d’être à nouveau convertie en signal électrique. Ainsi transitent les informations au sein des milliards de neurones qui composent notre cerveau.
La kinésine est donc responsable de l’approvisionnement en neurotransmetteurs des synapses. Pour les transporter, cette protéine motrice se déplace sur ce que l’on nomme des microtubules. Ces filaments très fins sont indispensables à l’organisation interne des cellules, et notamment des neurones : ils permettent d’acheminer rapidement divers composants au sein même de la cellule, dont des neurotransmetteurs.

Une image surinterprétée

Ces derniers sont des composés chimiques régulateurs de l’activité de notre cerveau : ils peuvent exciter ou au contraire inhiber l’activité neuronale et sont responsables – entre autres – de nos émotions ou nos réponses physiologiques. L’endorphine fait partie de ceux-ci.
Même si la légende de l’image est théoriquement plausible, elle laisse penser à tort aux lecteurs qu’il s’agit d’une observation réelle dans le cortex pariétal du cerveau. Or, comme il s’agit en réalité d’une image de synthèse, ces détails sont vraisemblables mais excessifs. La kinésine représentée pourrait tout aussi bien transporter d’autres neurotransmetteurs tels que l’adrénaline ou la sérotonine que de l’endorphine.
Reste que cette image fascinante contribuera peut-être un peu à votre bonheur.

En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/les-decodeurs/article/2016/02/18/a-t-on-jamais-vu-marcher-la-molecule-du-bonheur_4867786_4355770.html#XsYFhQX5pwqD1Pug.99

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